Et si on jouait... (17)

...un voyage jusqu'aux confins du monde, au-delà de la terre et de la réalité, tandis que tout se délite ?

Je garde un chaud souvenir des Contes de Terremer d'Ursula K. Le Guin, notamment de la façon dont les voyages du magicien Ged le mènent aux confins de l'univers connu, au-delà des dernières îles, dans les zones de haute mer qui sont toujours plus étranges, plus déconnectées de ce monde qu'il a arpenté toute sa vie. A l'infini, les choses n'ont plus de nom, la lumière et l'ombre se confondent ; l'horizon est un lieu sans temps ni espace.

Jouons un voyage vers les confins, de plus en plus extrême, une quête mystique et onirique qui ne se formule pas. D'île en île, de terre en terre, des peuples de plus en plus étranges, et puis plus de peuples ; plus d'animaux ; le monde devient simple, s'épure à mesure qu'il s'évapore devant le calme et l'étrangeté. Et délitons le jeu que nous utilisons : si c'est Dungeon World, à chaque île que l'on laisse derrière soi, un move de base disparaît. Les joueuses abandonnent petit à petit les équipements de leurs personnages, leurs caractéristiques, leurs feuilles de personnages ; la meneuse se défait de ses prérogatives et, doucement, le jeu se fond jusqu'à n'être plus que contemplation à plusieurs. De Dungeon World à Happy Together ou La clé des nuages, une évolution graduelle comme un rêve éveillé.

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